•  

    Les-flamandes-009.jpg

     


    10 commentaires
  •  

    DISNEY-147M.jpg

     



     

     


    4 commentaires
  •  

    DISNEY-071M.jpg

     

     

     

    Les Pirates

     

    Y en a qui deviennent sergents

    Ou marchands d'peinture

    Y en a qui vendent des cure-dents

    Ou de grosses voitures

    Y en a qui restent tout l'temps

    Enfermés comme des patates

    Mais moi quand je serai grand

    Je serai pirate.

     

    Les pirates ont des tas d'frégates

    Des sabres pointus et pas de cravate

    Les pirates ont du poil aux pattes

    Et un' tête de mort sur les omoplates

    Les pirates ont des jamb' de bois

    Et de gros saphirs luisent à leurs doigts

    Les pirates ont des nez vermeils

    Et des anneaux d'or pendus aux oreilles

     

    Ils vont sur la mer par bon vent arrière

    Et mont' à l'abordage avec des cris sauvages

    Tuent les matelots flanquent les corps à l'eau

    Et prennent les gonzesses pour leur pincer les fesses

    Les pirates ont de gros mousquets

    Des tonneaux de poudre et des perroquets

    Les pirates sont borgnes d'un œil

    Et leur pauvre mère est toujours en deuil.

     

     

    Etc.

     

    Boris Vian

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    4 commentaires
  •  

    chevaux-fevrier-2013-412M.jpg

     

     

     

    La grasse matinée

     

     

    Il est terrible

    Le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain

    Il est terrible ce bruit

    Quand il remue dans la mémoire de l'homme qui a faim

    Elle est terrible aussi dans la tête de l'homme

    La tête de l'homme qui a faim

    Quand il se regarde à six heures du matin

    Dans la glace du grand magasin

    Une tête couleur de poussière

    Ce n'est pas sa tête pourtant qu'il regarde

    Dans la vitrine de chez Potin

    Il s'en fout de sa tête l'homme

    Il n'y pense pas

    Il songe

    Il imagine une autre tête

    Une tête de veau par exemple

    Avec une sauce de vinaigre

    Ou une tête de n'importe quoi qui se mange

    Et il remue doucement la mâchoire

    Doucement

    Et il grince des dents doucement

    Car le monde se paye sa tête

    Et il ne peut rien contre ce monde

    Et il compte sur ses doigts un deux trois

    Un deux trois

    Cela fait trois jours qu'il n'a pas mangé

    Et il a beau se répéter depuis trois jours

    Ca ne peut pas durer

    Ca dure

    Trois jours

    Trois nuits

    Sans manger

    Et derrière ces vitres

    Ces pâtés ces bouteilles ces conserves

    Poissons morts protégés par les boîtes

    Boîtes protégées par les vitres

    Vitres protégées par les flics

    Flics protégés par la crainte

    Que de barricades pour six malheureuses sardines..

    Un peu plus loin le bistrot

    Café-crême et croissants chauds

    L'homme titube

    Et dans l'intérieur de sa tête

    Un brouillard de mots

    Un brouillard de mots

    Sardines à manger

    Oeuf dur café-crème

    Café arrosé rhum

    Café-crème

    Café-crème

    Café-crime arrosé sang !...

    Un homme très estimé dans son quartier

    a été égorgé en plein jour

    L'assassin le vagabond lui a volé

    Deux francs

    Soit un café arrosé

    Zéro franc soixante-dix

    Deux tartines beurrées

    Et vingt-cinq centimes pour le pourboire du garçon.

     

     

    Jacques Prevert

     



    2 commentaires